La crise dans les journaux de Guinée Conakry
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Revue de Presse de la semaine du 29 janvier 2007
07.02.2007 17:19:35 | Un article de : Ibrahima Sylla
Horoya, quotidien national, N°6454 du jeudi 1er février 2007 barre sa Une par cette exclamation : « Halte à l’intoxication ! » et l’annonce du « Décret D/2007/004/PRG/SGG portant attributions du Premier ministre, chef du gouvernement ». Objet d’ailleurs, toujours en Une du journal du billet de Mamady Wasco Keita par rapport aux rumeurs : « Billet : Qui a intérêt à enflammer notre Guinée, notre maison commune à nous tous ?
Qui a dit et écrit que le Président Général Lansana Conté aurait changé d’avis et qu’il ne signerait plus de décret nommant un Premier ministre chef de gouvernement ? Qui a fait circuler sous les manteaux des ragots ? Alors, celui-là en a eu pour son compte car, le Président de la République qui est fidèle à ses engagements, vient de démontrer tout le contraire.
Et voilà le décret portant attributions du Premier ministre chef du gouvernement. Il est hors de doute que le nom de cet ‘’oiseau rare’’ tant attendu sera connu dans les tout prochains jours » En tous les cas, conclut mon confrère, « c’est une autre épreuve qui se profile et rien ne prouve que les guinéens ne réussiront pas. Pour ce faire, nous devons mettre de côté les errements et que chacun réponde présent en terme d’obligation de résultats afin que la richesse nationale soit au diapason de nos attentes ».
Horoya, quotidien national, N°6455 du vendredi 2 février 2007. Dans la même optique, Mamady Camara invite : « La Patrie d’abord ! » Mon confrère situe sur l’objet de son commentaire : « Mercredi dernier, dans tous les lieux publics de Conakry, c’est le commentaire suivant qui était sur toutes les lèvres. ‘’Le site Kibaro [ndlr GCI : kibarou.com] vient de publier un article annonçant le refus du président à nommer un premier ministre comme convenu entre lui et les syndicalistes’’ ». Pour Mamady Camara « Les auteurs de cette fausse rumeur croyaient pouvoir perturber une fois encore la quiétude du peuple de Guinée. Ils peuvent se détromper parce que le guinéen discerne toujours face à une telle situation. Et notre discernement a fini par donner des résultats convaincants puisqu’au moment où l’information de nature à intoxiquer les esprits prenait de l’ampleur, le Président fidèle à ses engagements et au bien-être de ses concitoyens, s’apprêtait à rendre public les prérogatives du prochain chef de gouvernement. Certes, aujourd’hui nous vivons dans une précarité qui ne dit pas son nom malgré l’abondance de nos potentialités, mais évitons de tomber dans le piège des malintentionnés qui ne cherchent qu’à attiser le feu ». D’où cette invite : « L’amour de la Patrie d’abord ! »
a la Une du journal Le Diplomate N°226 : « GREVE GENERALE, LA TERREUR ET LE SANG ». En page intérieure, I. Camara se soucie : « Nomination d’un chef de gouvernement : Quel avenir politique pour le PUP ? ». Mon confrère estime que « Les chances du PUP de continuer à bénéficier des avantages sont presque hypothétiques. Si toutefois, le Président de la République respecte les critères prédéfinis. A savoir que le futur chef de du gouvernement soit quelqu’un de neuf, propre, intègre etc. Et surtout, au regard de la mission clairement définie dans la feuille de route du futur chef de gouvernement qui consiste essentiellement à relancer l’économie, à veiller à la séparation effective des pouvoirs, à rétablir l’indépendance de la justice,…bref à améliorer la bonne gouvernance ». Ismaël Camara s’interroge : « Que va donc devenir le PUP sans son Président honoraire le général Lansana Conté qui n’aura plus le cordon de la bourse pour faciliter quelque financement occulte que ce soit au bénéfice du parti dont il est issu. L’heure de la décadence a-t-elle sonné ? » Il conclut son article en écrivant : « Les prochaines consultations législatives de juin prochain jugeront de l’influence de chacune des formations politiques surtout le PUP. Peut-être pour une fois, la Guinée elle aussi pourrait avoir sa première élection transparente. Et puis, on saura sans nul doute le poids électoral des partis politiques ».
- Le diplomate Dans un autre, le journal rapporte : « Qui piétinait les négociations ? La nouvelle de la nomination d’un PM, chef de gouvernement est tombée, au dix-septième jour de la grève générale qui secouait les 245 847 Km² de la Guinée. C’est la secrétaire générale de la CNTG, ‘’la dame de fer guinéenne’’ Hadja Rabiatou Serah Diallo, les larmes aux yeux qui l’a annoncée à son peuple. Le samedi 27 janvier, à Conakry, beaucoup s’interrogent encore sur les trois jours de retard mis par la commission paritaire pour parvenir enfin au résultat tant attendu. Qui piétinait ces négociations ? » Selon le journal : « A l’attente de la fin des négociations au Palais du Peuple, nous avons appris de la bouche de certains syndicalistes que c’est le président de l’Assemblée nationale, Aboubacar Somparé qui faisait traîner les négociations dans la salle des Actes. Il aurait peur de la nomination d’un futur PM, chef de gouvernement qui pourrait lui porter ombrage dans sa stratégie de positionnement pour la succession au général Conté ».
- Le diplomate : Amadou Youssouf Diallo : « Journée sanglante du 22 janvier : Que de morts ! » Mon confrère affirme : « On ne saura peut-être jamais avec exactitude combien de guinéens ont péri sous les balles assassines des forces de répression le 22 janvier dernier. Très tôt le matin, les morts s’enchaînent. Des tirs d’armes automatiques par ci, des arrestations par là, tous les quartiers de Conakry et même les villes de l’intérieur du pays étaient en ébullition… Les syndicalistes entendent consacrer la date du 22 janvier ‘’jour de recueillement national’’ en la mémoire des héros tombés sur le champ de bataille pour une Guinée démocratique, développée et débarrassée de la dictature sous toutes ses formes ».
- Le diplomate : Dans une interview accordée à Maséco Condé, le Secrétaire général de l’Union Syndicale des Travailleurs de Guinée fait le récit de l’arrestation des leaders syndicaux le 22 janvier. Dans l’entretien, Dr Ibrahima Fofana « bien qu’il ait mal à son œil droit » aborde entre autres sujets de leurs conditions d’arrestation, de détention et… de libération par le Chef de l’Etat en personne :
- Dr Ibrahima Fofana : « C’est le Général Kerfalla Camara (NDLR : le chef d’état major général des Armées) qui nous a reçus au camp et nous a dit que ce qui s’est passé n’était pas de leur volonté. Après ces propos, il nous a envoyés dans un salon privé pour rencontrer le Président Conté qui était assis seul dans son fauteuil. Le Président a appelé le Général Kerfalla Camara, le Ministre de la Sécurité et le Directeur Général de la Police Nationale. S’adressant au Général Kerfalla, le Président lui a demandé de savoir qui nous a envoyés au camp. Le Général Kerfalla a aussitôt répondu que l’ordre est venu de la première dame, Henriette Conté qui était au courant de notre arrestation et détention au camp de la CMIS de Cameroun. Le Président Conté a continué en demandant où est-ce qu’on nous avait arrêtés. Le Général Kerfalla a répondu en disant que nous avons été arrêtés à la Bourse du travail, à notre base. Ensuite le Président s’est tourné vers le Ministre de la Sécurité qui dira qu’il n’a donné l’instruction à personne pour arrêter qui que ce soit et que c’est le Directeur National de la Police qui va répondre. Prenant la parole, le Directeur National de la Police dira qu’il avait reçu le dimanche dernier un trac qui circulait à Conakry annonçant que les syndicalistes allaient prendre le pouvoir hier lundi et que c’est pourquoi nous syndicalistes, nous avons invité la population pour venir écouter le message au Palais du Peuple. Donc, pour le Directeur National de la Police, il faut coûte que coûte nous anéantir avant ça. Les forces de l’ordre sont venues à la Bourse du travail hier midi pour nous arrêter. Mais nous leaders syndicaux n’étions pas là. Tous ceux qui étaient présents ont été arrêtés. Les forces de l’ordre ont cassé les portes et les fenêtres des bureaux de la Bourse du travail ».
- Le Diplomate : Que dira par la suite le Président Conté ?
- Dr Ibrahima Fofana : « Devant le Chef d’Etat Major Général, le Président Conté a dit au Ministre de la Sécurité qu’il n’a jamais ordonné d’arrêter quelqu’un et que ce n’était pas la première grève en Guinée. Il enchaînera en disant que le Syndicat est une institution à protéger et qu’il ne faut pas qu’on lui crée des problèmes. ‘’C’est normal que les travailleurs revendiquent’’ dira le Président. Ensuite, il dira au Directeur National de la Police qu’il ne connaît pas son travail pour avoir agi sans se référer et que la police n’est qu’un service d’exécution et non de décision. Le président a promis de prendre une décision tout en invitant les autres de lui laisser seul régler la crise actuelle. Il a ordonné de nous libérer tous et de nous accompagner jusqu’à domicile hier nuit. Ce qui fut fait. Il faut être objectif, c’est comme ça que ça c’est passé. Cette attitude du Président nous a soulagés. Dans ses propos, on a senti en tout cas qu’il n’était pas pour notre arrestation ».
- Le Diplomate : Maséco Condé fait un retour à la journée du 24 janvier : « La vie de plus en plus chère. Conakry 24 janvier : Après deux semaines de grève générale qui paralyse toutes les activités nationales, les populations guinéennes sont, non seulement éprouvées aujourd’hui par la rareté, mais aussi et surtout par la cherté des produits agricoles et pétroliers. A Conakry et à l’intérieur du pays, les prix de ces produits ont doublé voire triplé dans les petits marchés qui parviennent encore à approvisionner les populations. Une situation devenue inquiétant pour nombreuses familles qui ont épuisé leurs provisions et économie… « A quand la fin de cette grève générale qui commence à nous rendre plus misérables qu’avant ? » Cette interrogation de la ménagère Asmaou Barry, rencontrée au marché de Taouyah, en banlieue de Conakry, est bien celle que beaucoup de guinéens se posent aujourd’hui après deux longues semaines de grève générale sans aucune avancée notable dans les négociations entre syndicalistes, le gouvernement et le patronat guinéen ».
- Le Diplomate : Maséco Condé constate : « Suspension de la grève, Conakry bouillonne de nouveau. Conakry a repris les activités qui font d’elle une bouillonnante capitale ouest africaine… Qu’ils soient travailleurs des services public, privé ou mixte, tous les disposés à reprendre le travail ont regagné leurs bureaux après 18 jours de ‘’congés de grève’’ ».
- Le Diplomate : Amadou Youssouf Diallo fait de même : « Conakry retrouve son visage habituel. (…) si les syndicalistes se félicitent de la mobilisation, beaucoup sont sceptiques sur les retombées à attendre de ce mouvement sur leur vie quotidienne. Conakry a donc retrouvé son visage habituel. Les commerçants, qui avaient fermé boutiques et magasins pendant la grève ont rouvert. Les marchés grouillent à nouveau de monde. Les fonctionnaires ont repris le chemin des bureaux. Par ailleurs, pour une grande majorité d’habitants de la capitale, c’est aussi le retour à la quête désespérée du franc guinéen pour nourrir les familles… Exaspérés par la misère dans un pays sans eau ni électricité, certains avouent même que s’ils ont cessé la grève, c’est tout simplement pour éviter de n’avoir plus rien à manger pour leurs enfants. Tous les regards sont aujourd’hui tournés vers le futur Premier ministre qui a un grand défi à relever. Même si nul n’ignore que ce défi sera un travail de longue haleine ».
- Le Diplomate : I. Camara annonce : « Le président de l’ONG ‘’Les Amis du Futur’’ (LAF) a été interpellé le lundi noir du 22 janvier avant d’être libéré 1h30 après la Sûreté de Conakry ».C’est l’objet de l’entretien que Mohamed Camara a accordé à mon confrère :
-Le Diplomate : les forces de l’ordre vous ont brièvement interpellé le lundi 22 janvier. Que s’est-il réellement passé ?
- Mohamed Camara : « Effectivement j’ai été brièvement interpellé le lundi 22 janvier. Mais je précise que je n’ai pas été interpellé en même temps que les syndicalistes parce que c’est lors de la première descente que nous avons été interpellés et conduits à la sûreté. J’étais en compagnie d’un groupe de jeunes. Au moment de cette interpellation, je me trouvais au niveau de l’école primaire de Sandervalia [ndlr GCI : école primaire Federico Mayor]. Cette situation est intervenue à la suite de l’appel de la Société Civile de se retrouver à la Bourse du travail afin de faire le point de l’évolution des négociations. C’est ne ce moment que les forces de l’ordre ont débarqué. Elles ont fait usage des gaz lacrymogènes avant d’arrêter les leaders syndicaux. J’avoue que nous avons été brutalisés au lieu de l’arrestation ».
- Le Diplomate : Quelle a été votre réaction à la sûreté ?
- Mohamed Camara : « J’ai cherché à savoir celui qui a donné l’ordre de nous interpeller. On nous a tout simplement sommés de sortir avec un ton agressif. L’agent nous a dit ceci : « Sortez de là, vous n’êtes que des punaises qui ne méritent que d’être écrasées ». Ajouter à cela toutes sortes d’injures. C’est une arrestation arbitraire d’autant plus que nous sommes des citoyens, nous n’avons fait que prendre part à une manifestation légale. Et je précise que nous étions dans une sorte de cercle. Au niveau de la RTG de Boulbinet il y avait des bérets rouges qui venaient vers la Bourse du travail et du côté de l’école primaire il y avait aussi des forces de l’ordre ».
- Le Diplomate : Quel regard portez-vous sur le protocole d’accord qui a sanctionné la grève ?
- Mohamed Camara : « D’abord il faut dire que cette grève a été une action citoyenne qui a permis un changement de mentalité chez les guinéens. Mais je suis un peu resté sur ma faim sur les retombées de ces recommandations sur les jeunes. On a demandé à ce que les résultats des concours soient rendus publics avant le mois de mars prochain comme si cela était un motif de consolation des jeunes. Et pourtant, ce sont les jeunes en grande partie qui sont à la base du succès de ce mouvement. L’autre point que je n’ai pas apprécié c’est le relèvement de l’âge de la retraite jusqu’à 65 ans. A ce titre, nous les jeunes nous allons nous lever pour protester contre l’application de ces deux points par les moyens légaux les plus appropriés. Soit par des pétitions soit des sit-in ou un mémorandum que l’on va adresser à la présente Assemblée nationale ou à la future Assemblée nationale ».
- La Une de L’indépendant N°713 est barrée par cette phrase : « Revendications syndicales. La grève qui a fait trembler la Guinée »
- L’Indépendant. Hassane Kaba titre : « Au cœur de la grève générale de l’inter centrale syndicale : Fodé Bangoura limogé avant la lettre ».
Pour ceux qui connaissent l’homme, son limogeage du gouvernement pourrait relever de tout sauf de la simplicité. Surtout que les syndicalistes grévistes n’avaient pas expressément demandé la tête du Coordinateur des Actions du gouvernement. C’est dire que les guinéens ont été surpris d’apprendre ce vendredi 19 janvier 2007 sur les chaînes de la télévision et des radios d’Etat le limogeage de celui qui est resté aux côtés du général Lansana Conté pendant une dizaine d’années, en l’occurrence El Hadj Fodé Bangoura… » L’auteur de l’article de conclure : « "Professeur, mis à la disposition de la Fonction Publique et de l’Emploi", la teneur du décret présidentiel est sans équivoque. En d’autres temps, pour ce haut cadre de la République, on aurait préféré dire plutôt "appelé à d’autres fonctions". Non seulement El Hadj Fodé Bangoura a été limogé comme il l’a été ce soir du 19 janvier 2007, dans des termes tels que soulignés plus haut, cependant que ce fut en plus à travers une édition spéciale de la RTG. Une façon, dit-on dans certains milieux, de conférer à l’événement toute sa solennité, mais aussi sa gravité. Quoiqu’il en soit, avec le départ de Fodé Bangoura du gouvernement, c’est toute une page qui vient d’être tournée. Et l’image qu’il laisse aux guinéens n’est certainement pas des plus idylliques au point de demeurer longtemps dans leur esprit ».
- L’Indépendant : Dans sa rubrique hebdomadaire "Perspectives", Hassane Kaba souhaite « …que les sacrifices ne soient pas vains… ». Et le Directeur de la Publication et Rédacteur en Chef du journal de souligner : « (…) il est regrettable au vue de la tournure dramatique qu’ont prise à un moment donné les événements liés à la grève générale inspirée par l’inter centrale syndicale CNTG USTG, élargie à deux autres centrales syndicales, que les autorités guinéennes n’aient auparavant pas prêtés des oreilles attentives aux risques de dérapages, de ras-le-bol, d’exaspération des couches laborieuses de nos populations, pour ne pas dire de la majorité silencieuse des guinéens, exprimés par et dans les médias. Maintenant qu’on a frôlé la catastrophe de trop près, il faut souhaiter que les pendules soient objectivement et définitivement remises à l’heure. A commencer bien entendu par les médias aussi bien du privé que de l’Etat. Lorsque surviendra l’heure de bilans plus exhaustifs, beaucoup de choses, de vérités ne manqueront pas d’êtres dites, revues et corrigées. Certes, la Radio Télévision Guinéenne (RTG) n’a daigné fournir d’images que celles qu’elle voulait montrer au sujet des événements malheureux qui ont caractérisé les journées les plus chaudes de la grève générale déclenchée le mercredi 10 janvier 2007. Cependant que des chaînes de télévisions étrangères se sont chargées de le faire à sa place. A quoi aura donc servi une attitude qui s’apparentait à tous points de vue à de la censure ? On pourrait bien se le demander encore ». Pour Hassane Kaba, « Une chose est sûre cependant, plus rien ne pourrait être comme auparavant en Guinée après ce qui vient de se passer. Là où les politiciens semblent avoir échoué, les syndicalistes ont triomphé… Le peuple de Guinée s’est exprimé, bruyamment certes, mais dans la dignité et la légitimité. Dieu fasse que son cri soit définitivement perçu par son chef du moment, afin que les sacrifices consentis ne soient pas vains ».
- L’Indépendant : Mamadou Dian Baldé semble ironiser : « Grève générale : Quand Lansana Conté cède sous la pression de la rue. Le ralliement des partis politiques de l’opposition et du conseil national des organisations de la société civile à la cause des grévistes, qui se sont insurgés contre la cherté de vie et l’ingérence du Président de la République dans les affaires judiciaires de l’Etat, a fini par avoir raison sur ce dernier qui, face à des populations déterminées à en découdre avec le régime en place, ne pouvait que lâcher du lest. C’est ce qu’il a fait en acceptant de se dépouiller d’une partie de ses prérogatives, au profit d’un Premier ministre, qui aura en charge de conduire un gouvernement d’union nationale. Le peuple de Guinée vient de prouver qu’il est et demeure le seul souverain ».
- L’Indépendant : Dian Baldé s’interroge de son côté : « Pouvoir exécutif : N’y aura-t-il pas conflit de compétence ? » Une question qui vient bien à propos : « La grève générale illimitée qui a secoué notre pays durant près de trois semaines, vient de connaître un dénouement heureux, avec la signature d’un accord entre les centrales syndicales, le gouvernement et le patronat, incluant la nomination dans les jours à venir d’un Premier ministre, dont la feuille de route sera conçue de façon consensuelle. Il a fallu tordre le cou à notre Loi fondamentale pour parvenir à ce résultat probant. Avec la nomination d’un Chef de gouvernement, outre que le Président de République, on va assister à un bicéphalisme au niveau de l’exécutif. Chose qui est généralement source de conflit … Certains observateurs craignent (…) que cette nouvelle donne ne soit à la longue source de conflit de compétence, entre le Président de la République et son Premier ministre. On se souvient que le bicéphalisme au niveau de l’exécutif avait contribué à la détérioration des rapports entre Lansana Conté et feu Colonel Diarra Traoré, qui assumait les fonctions de Premier ministre au lendemain de la prise du pouvoir par les forces armées guinéennes, en 1984. La suite, on la connaît. Diarra Traoré avait été purement et simplement demis de ses fonctions, et muté au poste de ministre de l’éducation nationale… La nouvelle Loi Fondamentale adoptée en 1991, accordera ensuite la part belle au Chef de l’Etat, qui, en tant que Président de l’Exécutif, tient tous les leviers de commandement en main. Quitte à lui de déléguer une partie de son pouvoir à un Premier ministre…Aujourd’hui, c’est une nouvelle ère qui s’annonce, certes, les guinéens ayant presque réussi à faire table rase du passé, n’empêche que des garde-fous soient mis en place, afin de garantir au futur PM, toute sa légitimité. Cela passe forcément par la modification de la constitution ».
La Lance N°525. Dans la rubrique "Repères", Azoca Bah signe « Crépuscule d’un règne ? » annonçant la transition qui pourrait s’annoncer : « Le système a toujours fonctionné sur la base du « moi ou le chaos ». Finalement, il a vite compris qu’avec lui, c’est le chaos qui risque de se produire. ‘’La justice, c’est moi. L’Etat, c’est moi’’, disait récemment le Président Conté. Ou encore : ‘’c’est Dieu qui donne le pouvoir’’. Une conception plutôt archaïque de la gestion du pouvoir. Une bonne manière de dénier tout pouvoir au peuple. Quoiqu’il en soit, la descente des hommes, femmes et enfants dans la rue a fini par montrer au Général que le peuple a son mot à dire dans la gestion des affaires républicaines ».
- La Lance : Bangaly Sylla revient sur « Le lundi noir ! » et se demande : « Combien sont-ils ceux qui sont tombés sur le champ de bataille, ce lundi 22 janvier 2007, une simple branchette feuillue, à la main ? » Il estime qu’en « …optant pour la défense d’un homme et d’un régime, l’armée guinéenne a failli à un devoir fondamental : celui de sauver la Nation et la République, empêtrées dans une crise économique, politique et sociale aigue... Mais comme à quelque chose malheur est parfois bon, cette journée a fait de nos enfants fauchés dans la fleur de l’âge par des paranoïaques, des martyrs auxquels la République devra un jour témoigner sa reconnaissance, celle de l’avoir sauvée du naufrage collectif de la résignation et du renoncement au sacrifice ». D’où cet espoir de l’auteur de l’article : « La Nation s’en souviendra et veillera à élever à la mémoire des jeunes qui sont morts en ce jour mémorable, une stèle à la place du 8 novembre, frappée de l’épigraphe : ‘’A nos morts pour la démocratie’’ ».
- En page 5 de La Lance, on peut lire l’article suivant : « Qui sera le premier ministre ? (…) Les bruits les plus invraisemblables portent plutôt sur des démarches intenses attribuées à El hadj Mamadou Sylla, le PDG de Futurelec, visant à obtenir du Président de la République, la nomination comme Premier ministre de M. Aboubacar Sylla que l’on vient de remercier au ministère de l’information. Mais, plus d’un observateur écarte déjà cette hypothèse, compte tenue de la position on ne peut plus inconfortable de Mamadou Sylla vis-à-vis des syndicats, compte tenu surtout de l’histoire économique des débuts de la Deuxième République [ndlr GCI : Aboubacar Sylla aurait appartenu à la commission de privatisation des sociétés d’Etat héritées de la Première République]. En tout état de cause, les syndicats exigent la nomination d’un Premier ministre qui « doit être un haut cadre civil, compétent, intègre et qui n’a été de près, ni de loin, impliqué dans des malversations ». Les faiseurs de premiers ministres ne doivent pas être au bout de leurs peines ».
- Il n’en fallait pas plus amener L’Indépendant dont Aboubacar Sylla est propriétaire à réagir à travers son N°713 sous le titre : ‘’Le crachat d’un crapaud ne peut en rien entamer la blancheur d’une colombe’’ Pour la Rédaction du journal : « Il et dommage, vraiment dommage que certains confrères ne puissent pas se mettre au dessus de la mêlée. Tant ils ont une bille, voire du venin à déverser. C’est ainsi que notre confrère ‘’La Lance’’ dans sa dernière livraison s’est livrée à une attaque en règle contre le Fondateur du Groupe de Presse ‘’L’Indépendant’’, Aboubacar Sylla. Son seul « crime » ? Il occuperait une place de choix dans les sondages, au sujet des ‘’Premiers ministrables’’. Si tout au moins, les insinuations de ce confrère étaient dignes d’intérêt, renfermaient la moindre parcelle de vérité ? Que nenni ! En créant de toutes pièces des accointances entre Aboubacar Sylla, ex-Ministre de l’Information et Mamadou Sylla dont les syndicalistes demandent aujourd’hui la tête, le but recherché semble, on ne peut, très clair … Parlant d’accointances avec le PDG de Futurelec, notre confrère aurait été mieux inspiré en allant plus loin dans ses insinuations sordides. Comme ça au moins ses intentions, pour ne pas dire ses malveillances ne se seraient peut-être pas aussi facilement noyées dans le flot de mensonges. Il pourrait en souffrir autant qu’il prêterait le flanc à la médisance, mais s’il y a un haut cadre aujourd’hui en Guinée qui peut avoir la conscience bien tranquille, c’est bien Aboubacar Sylla. Contre lequel des menaces ont certes été proférées à l’occasion par des leaders politiques, et même par un ex-occupant de la Primature, mais qui n’auront en rien entamé le caractère et la détermination à toujours mieux faire ».
Le Lynx N°774 présente en Une des encadrés suivants :
-« OPPOSITION : Reconnue coupable de silence face à la répression aveugle de la crève, l’opposition, par la voix de l’UFDG, commence à élever le ton. Ça démarre ! »
-« JUSTICE : pendant que la grève battait son plein, le TPI de Kaloum se Kaïrabattait, lui, becs et ongles, pour expédier les leaders syndicaux à la Sûreté. Ça démarre ! »
-« GREVE : La grève des syndicaleux contraint Fory Coco à cohabiter avec un Premier ministre, chef de gouvernement. Pour la mise en œuvre, ont est contraint d’attendre. Ça démarre ! »
- Le Lynx. Dans sa chronique "Juste un mot", Souleymane Diallo a choisi comme titre : « Silence, on humilie ! » Lisons plutôt quelques extraits de cet article : « Faux-dé, l’ex Bangoureur de la Cocoteraie, le Numéro Deux du pays depuis fin mai 2006, a été vidé de la Présidence de la République, le 19 janvier. Comme un malpropre… Ceux qui l’on vu partir ont eu des larmes aux yeux. Ce qui constitue une vilaine arme au service de la rancune… Ce qui est choquant dans la manière de partir de Fodé Bangoura, c’est la remontée en surface du ‘’complot permanent’’, que l’on y lit en filigrane. On a collé au Faux-dé la paternité d’un complot fabriqué à partir d’une grève. Sans rien vérifier. Sans sourciller. Comme d’habitude, on a trouvé l’artisan d’un édifice imaginaire. Pourquoi ne l’avoir pas coincé dans ce qu’il a fait de réellement tordu, au lieu de fabriquer un martyr qui n’en est pas un ? … On était vendredi. Le vendredi 19 janvier. La passation de service est imposée pour le lendemain, samedi 20. Un jour non ouvrable que la haine de l’autre a préféré mettre en avant, pour mieux faire mal à l’ennemi sortant. A l’issue de la séance des hypocrisies réciproques, l’on s’est mis à fouiller Fodé Bangoura ‘’de fond en comble’’. Jusqu’au-delà des poches et des ourlets… Il s’en est fallu de très peu que le Faux-dé ne se retrouve dans un taxi pour rentrer chez lui. Motif ? Il faut à tout prix l’empêcher de piquer ‘’les documents’’ de Fory Coco. Et pourtant, Dieu sait qu’il en a d’autres, dans les fins fonds de son crâne, jusque dans son sub-conscient. Heureusement qu’il est capable de mourir de silence et de discrétion ! »
- Le Lynx, page 3, Abou Bakr : « Syndicaleux et Général Fory Coco : La faim des hostilités ! Fory Coco accepte de déléguer une partie de ses prérogatives à un Premier ministre issu d’un large consensus, chef de gouvernement, chargé de coordonner l’action gouvernementale. Il devrait avoir des compétences requises pour sortir les guinéens de la misère… Fory Coco accepte aussi le respect de la séparation des pouvoirs pour permettre une lutte contre la corruption, le détournement de deniers publics et corollaires ».
- Page 4, Barry Ibrahima Sory : « Grève des syndicaleux : Epreuves de force. Jeudi 18 janvier. Echauffourées un peu partout à Conacris et dans maintes villes du pays profond ».
- Page 4, BIS (Barry Ibrahima Sory) : « Violences et carnages à Con-crime. La journée du lundi 22 janvier 2007 restera longtemps gravée dans la mémoire des guinéens ».
- Page 5, Abou Bakr : « Grève des syndicaleux : Le carnage du 22 janvier. Le lundi 22 janvier, la mort était au rendez-vous de la marche pacifique des syndicalistes, qui protestaient contre la mal gouvernance du régime de Fory Coco. Les farces de l’ordre ont tiré à balles réelles… Cette tristesse est également vécue à l’intérieur du pays. Labé, Télimélé, Siguiri, Kissidougou, Dalaba, Mamou, Kankan où les habitants se sont soulevés pour protester contre la dégradation avancée des conditions de vie dans le pays. Pour tout le monde, la solution de cet épineux problème est le départ de Fory Coco ».
- La Mai – Bah n’a pas manqué à son rendez-vous hebdomadaire par le biais de sa chronique "Ah, les femmes !" en page 8 et intitulée cette semaine « La crise s’accentue ! ». Ma consoeur rapporte son constat des jours de grève : « Avec le prolongement de la grève qui a démarré le 10 janvier dernier, le stock que les pauvres ménagères avaient soigneusement préparé, pour parer à une éventuelle famine s’est épuisé. C’est pourquoi la plupart des ménagères ont été obligées de reprendre le chemin du marché, sous les balles et autres crépitements de fusil. Mais voilà que les denrées de première nécessité se raréfient. D’où, les prix fantaisistes que les marchandes proposent à leurs clientes. Avec cette crise, les pauvres ménagères sont obligées d’affronter cette triste réalité. Et elles reviennent du marché avec une grise mine… Dans les foyers, les ménagères éprouvent toutes les difficultés pour faire déjeuner leurs grosses. A cause du manque du sucre et du pain. Ces deux petits trucs de naguère sont maintenant des aliments de luxe ».
Horoya, quotidien national, N°6452 du mercredi 31 janvier 2007. Par au dénouement heureux de la grève, le journal s’exclame en sa Une : « Grève inter centrale CNTG – USTG, c’est la Guinée qui a gagné ! ». L’article est signé en page 2 de Daouda Tamsir Niane qui estime tout de même que « Rien ne sera plus comme avant en Guinée. C’est le sentiment que tous les guinéens et l’opinion internationale partagent, au sortir de ces deux semaines de grève générale illimitée. Qui aurait pu croire que la grève aurait duré autant ? Qui aurait pu croire que la crise aurait abouti à un résultat aussi paisible et prometteur pour le pays tout entier ? Les pronostics étaient des plus alarmants et l’on craignait le pire pour la Guinée. Mais la sagesse l’a finalement emporté sur la passion. Les syndicalistes ont montré leur maturité et le Chef de l’Etat, sa grande compréhension des aspirations légitimes et nobles du peuple. Et c’est la Guinée qui a gagné ». Et mon confrère de conclure, optimiste : « Pour l’heure, les guinéens qui ont répondu à l’appel à la grève puis à sa suspension, font confiance aux différentes parties et restent dans l’attente de la nomination de ce PM qui agrègera autour de sa personne des personnalités capables de mener le navire guinéen à bon port ».
- Horoya, quotidien national, N°6455 du vendredi 2 février 2007 s’interroge en Une : « DOSSIER : L’habitat en Guinée : a quand la politique des HLM ? ». Le sujet est développé en page 5 par Mamady Wasco Keita qui voit en cette interrogation, une « Question simple mais très difficile à répondre parce que ceux qui sont chargés d’initier de telle politique se rivalisent dans la construction de villas ou d’autres magasins de commerce. Ils considèrent que l’immobilier va les maintenir dans leur opulence actuelle. Ce faisant, on a peu de regards pour ceux de nos compatriotes qui triment pour gagner la vie. Le gouvernement guinéen passe toujours à côté. Première dans toutes les bonnes intentions, la Guinée arrive toujours loin après les autres sinon jamais. Et si seulement on savait tirer les leçons et éviter ainsi les errements qu’ont connus les Etats pionniers qui se sont jetés à l’eau avant nous, on aurait mieux fait de combler nos retards. Mais hélas ! » regrette mon confrère pour qui « Cet enjeu devrait gagner en tonus dans la mise en place d’un politique nationale de l’habitat à loyer modéré ». Mamady Wasco se souvient : « Les seuls logements qui existent SIG, Camayenne, Sangoyah Cités douane et police, Coléah… brillent par leur vétusté qui n’a pas de nom ». Mon confrère suggère « … si on conçoit très bien la norme, il faut dire qu’un fonctionnaire qui a résidé sans discontinuité et qui a régulièrement payé pendant plus de quarante ans au moins, peut prétendre en être propriétaire. Il ne devrait en principe, que payer la redevance annuelle à l’Etat ». D’autre part, souligne le rédacteur en chef adjoint du journal et auteur de l’article, « Normalement, dans une ville qui respire le modernisme et le respect des normes, une voiture doit pouvoir stationner devant toutes les portes ». Mais, regrette-t-il, « n’ayez pas aujourd’hui l’obligation d’aller dans certains quartiers de Conakry vous serez servi à vos dépens, tellement le calvaire en est un. D’autre part, les syndicats auraient pu proposer au gouvernement la mise ne place d’un tel projet. Ainsi, avec les spécialistes du ministère en charge de l’Habitat, ils auront à ficeler toutes les conditionnalités requises pour ce faire. Ce qui peut déboucher sur l’érection d’une banque de l’habitat. Les spécialistes le savent il n’y a rien de sorcier à ce niveau. Faudrait-il seulement que la volonté politique des décideurs soit requise ».
Ibrahima Sylla "Ibra" pour GuineeConakry.Info